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Conditions de récolte Alain Blosseville : « Le suréquipement comme assurance récolte »

Les conditions difficiles de l'année perturbent les récoltes. En Seine-Maritime, Alain Blosseville a ramassé un lin avec un léger défaut de rouissage et se bat encore contre la pluie pour terminer ses arrachages de betteraves et de pommes de terre. La performance du matériel joue alors un rôle clé.

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Les conditions pluvieuses rendent certaines parcelles inaccessibles aux remorques
et imposent le recours aux machines équipées de trémie. (© Terre-net Média)

Alain Blosseville, agriculteur en Seine-Maritime, témoigne de chantiers de récoltes perturbés par les conditions climatiques. « Le lin d’abord a souffert du climat tout au long de la campagne. Il s’est d’abord fortement développé au printemps puis a subi les pluies d’été qui ont allongé le temps de rouissage. J’ai fini de le ramasser fin septembre, jusqu’au dernier jour possible, avant le retour des pluies. Finalement, cette année nécessitait de gérer les risques au mieux en choisissant entre des lins n'ayant pas eu un temps de rouissage suffisamment long, dans mon cas, et humides, pour ceux qui ont trop attendu. Au niveau national, il reste 7 à 8.000 ha à ramasser. Je crains qu’ils ne soient perdus. » Le producteur obtient un rendement et une qualité corrects. Des résultats qu’il met sur le compte de l’efficacité et de la réactivité. « Il fallait être présent le moment venu avec le matériel nécessaire, soit quand même, dans mon cas, mon propre équipement plus celui d’une entreprise et d’un voisin qui avait terminé. »

Une seule sucrerie qui tourne au ralenti

Quant aux betteraves, une seule sucrerie est présente sur le département, pourtant elle travaille au ralenti. « Heureusement que des entreprises du secteur possèdent des machines avec trémie qui peuvent arracher dans les conditions actuelles. Sinon la sucrerie, qui doit impérativement tourner en continu, aurait dû fermer. » Alain Blosseville doit encore récolter les trois quarts de ses surfaces. Les premiers résultats affichent un rendement peu élevé mais une bonne densité donc finalement un niveau plutôt bon de sucre ramené à 16°.

« Les ensilages de maïs sont en cours, mais se font dans la douleur. » Les ensileuses tournent, les tracteurs ont du mal à suivre. « Pour les pommes de terre, c’est aussi la galère. » Dans le département, la moitié des surfaces n’ont pas été récoltées, un tiers chez Alain Blosseville. « L’impatience grandit chez les producteurs qui veulent profiter des prix hauts. » Et la crainte du coup de gel, qui pourrait détruire la récolte, prend de l’ampleur. Là encore, le matériel est important. « Les machines tractées ne passent pas. Nous avons acheté une automotrice en urgence pour être en mesure de récolter. La trémie intégrée dispense de la remorque qui ne peut pas entrer dans les champs. Il est possible de louer le matériel mais c’est la course à la disponibilité. Nous avions déjà envisagé cet achat, les conditions de l’année l’ont déclenché. »

Investir plutôt que de perdre sa récolte

L’équipement se révèle un élément essentiel pour faire face à ces conditions difficiles. « Cette année, il faut être équipé, voire suréquipé, pour sauver sa récolte. C’est comme une assurance. Je compte aussi sur la possibilité d’avoir recours aux services d’une entreprise, à la location, à l’entraide mais, sur un secteur, tout le monde a les mêmes besoins au même moment. Mon choix d’acheter une automotrice pour mes pommes de terre n’est pas forcément raisonnable mais cette année j’ai préféré cette option à la perte de ma production. »

« Du fait de ces éléments perturbateurs, j’ai pu semer seulement 20 % de mes surfaces de blé et d’orge d’hiver alors que je devrais avoir terminé. » Pour l’instant, l’inquiétude se porte sur les récoltes encore en cours. Ensuite, il s’agira de s’inquiéter des conditions de semis et de levée des cultures suivantes...

Arrachages perturbés, opération solidarité

L’Union nationale des producteurs de pommes de terre témoigne de conditions climatiques, en ce début novembre, qui laissent craindre, pour certains producteurs, le pire. Un risque de non récolte existe dans certaines parcelles. Alors que, pour le moment, les rendements, annoncés en baisse en France et en Europe, entraînent un raffermissement net du marché, sur le frais comme sur l’industrie, l’objectif est d’alimenter le marché.

Certains secteurs, parmi les principales régions de production, ont terminé les arrachages, mais d’autres peinent à progresser. Certaines parties de la bordure maritime sont plus particulièrement concernées, de la Normandie au Nord-Pas-de-Calais. Le défaut de praticabilité de certaines parcelles impose de solliciter les machines et les équipements les plus performants. L’Unpt lance un appel à la solidarité et souhaite recenser les possibilités de mise à disposition de matériel adéquat (automotrice, arracheuse à pont moteur…). Merci de contacter l’Unpt qui transmettra aux structures des régions concernées au 01.44.69.42.40 ou par mail : unpt@producteursdepommesdeterre.org.

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